Il n’a fallu que 95 secondes pour voir Alexandre Lacazette ouvrir son compteur but à la fois à domicile et en Premier League. Celui qui a été acheté 60M€ bonus compris, un record pour le club, veut s’installer comme titulaire indiscutable. Dans un système en 343, avec deux joueurs derrière l’attaquant de pointe, l’ancien de l’OL n’a pas encore trouvé la stabilité recherchée.
Arsenal était à la recherche de son grand buteur depuis plusieurs saisons. Un tueur a longtemps manqué à l’équipe, un joueur capable de marquer dans n’importe quelle position. Concurrents en équipe de France, Lacazette retrouve Olivier Giroud, et fait aussi face à la concurrence de Danny Welbeck. Plus surprenante compte tenu de sa forme actuelle, mais compréhensible pour ses caractéristiques.
Un positionnement mobile
Les différentes animations offensives d’Arsenal avec Lacazette
Contre Leicester et Stoke City, Arsène Wenger a aligné le même trio offensif : Lacazette en pointe, soutenus par Özil et Welbeck. Du moins sur le papier, car en réalité les positions sont changeantes. D’attaquant de pointe (1.), Lacazette s’est souvent retrouvé derrière Welbeck (2.) ou à ses côtés (3.), avec Özil plus bas. Sur ces deux rencontres, Arsenal est derrière au score, et c’est Olivier Giroud qui entre en jeu. On passe dans un système avec 3 attaquants de pointe plus ou moins côte à côte (4.).
Le contraste est intéressant dans le positionnement des deux attaquants entre le match contre Leicester et celui à Stoke. Lacazette a beaucoup plus décroché de sa position avancée contre Stoke que contre Leicester.
Le positionnement de Lacazette (Source: Squawka)
Le résultat de ce décrochage a été une participation accrue du Français au jeu de l’équipe. Dans la construction, Lacazette a souvent été un relais contre Stoke. Il a tiré 3 fois au but contre Leicester, jamais contre Stoke City. Plus bas, il se montre disponible, vient chercher le ballon pour orienter : le rôle des deux joueurs derrière l’attaquant dans le système de Wenger. A l’inverse, c’est Danny Welbeck qui avait directement la charge de se tenir aux avant-postes. Mais l’aisance tactique de Lacazette permet à Arsenal de construire sur attaque placée. Contre Stoke, notamment après l’ouverture du score adverse, toute l’équipe ou presque effectue en commun un gros travail de défense. Le bus est garé. Sur plusieurs phases de construction et de transition, Lacazette est dans la moitié de terrain d’Arsenal pour lancer la phase offensive. Il est à l’origine de certains contres, effectue les turnover que le milieu de terrain est incapable de faire. Contre Chelsea, lors du Community Shield, il est impliquée du début à la fin de l’action, avec pour conclusion sa frappe qui heurte le poteau.
Contrôle orienté ouvre le terrain / Bellerin sur la droite / Se repositionne dans l’axe, libre / Sert Welbeck / Réception et frappe #AFC pic.twitter.com/Ck20ZLud64
— The Aussie (@BackoTheDoc) 7 août 2017
Contrairement à Lacazette, Welbeck n’a pas la même qualité de finition ni celle de savoir manier le ballon avec autant de facilité. Il est purement un joueur de profondeur qui use de sa rapidité. Lacazette a montré aux supporters d’Arsenal qu’il est plus qu’un simple buteur. Plusieurs fois, il est redescendu gratter un ballon pour orienter sur les latéraux, Bellerin notamment.
Diaporama n°1 – 3 images : Excentré ou dans l’axe, devant ou en retrait… Il est libre Alex
Ses décrochages lui permettent d’augmenter son volume de jeu. Plus de ballons passent par lui, et il se retrouve face aux buts avec différentes options. Quand il permute avec Welbeck, il se retrouve souvent excentré à gauche ou à droite. Contre Leicester, il envoie un centre parfait pour Ramsey qui ne peut ajuster sa tête. Contre Stoke, il a tout le loisir de profiter des appels en profondeur de Ramsey, Özil et Welbeck qui tentent de créer le décalage (voir ci-dessus).
Sa polyvalence de style n’enlève rien au fait que c’est un joueur buteur. Le Français profite de chaque opportunité de centre pour se démarquer. A plusieurs reprises, il se retrouve seul dans la surface. Sur son premier but, il reçoit un excellent centre d’Elneny pour marquer, mais jouit aussi d’un bon placement. Il profite sur cette occasion du déplacement de Welbeck qui occupe les défenseurs centraux de Leicester. Volontairement ou non, c’est une arme.
Diaporama n°2 – 2 images : A la réception des centres
Pour l’instant, Alexandre Lacazette n’a pas eu énormément de situations pour marquer. Il n’a tiré que 4 fois que 196 minutes. Cela s’explique de différentes façons, par son placement qui, comme évoqué précédemment, est parfois plus en retrait, avec davantage de participation au jeu. Aussi, le jeu de possession stérile d’Arsenal n’aide pas les attaquants qui se retrouvent souvent isolés. C’est un problème que rencontre les Gunners très régulièrement. Dans une véritable position d’attaquant de pointe contre Leicester, il a moins touché le ballon et moins fait de passes que contre Stoke.
Arsenal a longtemps manqué d’un joueur qui sait se placer, couper les centres et marquer. Ramsey le fait quelques fois, mais on est très loin des standards d’Abou Diaby ou de van Persie qui semblaient être sur toutes les balles dans la surface. Une chose est sûre, Lacazette a déjà prouvé qu’il est capable de se trouver à la réception d’un centre. Le problème, c’est que les latéraux d’Arsenal offrent la plupart du temps de mauvais centres.
Lacazette et Giroud : rivaux ou associés ?
La concurrence avec Olivier Giroud est une autre donnée pour Lacazette. Ils n’ont encore jamais débuté tous les deux une rencontre, mais ont joué ensemble une trentaine de minutes contre Leicester et Liverpool, un quart d’heure contre Stoke. A priori rivaux, Arsène Wenger pourrait un jour ou l’autre être tenté de les faire débuter tous les deux en même temps sur le front de l’attaque. Que ce soit dans le système actuel, le 343 avec Lacazette derrière lui, ou dans la configuration 352 aperçue parfois en cours de rencontre (avec Welbeck et Lacazette devant, Özil dictant le jeu d’assez bas). Les deux joueurs n’ont que peu de points communs, mais on peut imaginer une association intéressante avec Giroud qui jouerait en pivot pour alimenter Lacazette. Cette fonctionnalité offre une alternative pour Arsenal qui a beaucoup de mal à trouver les espaces et Özil qui ne trouve pas les attaquants.
Diaporama n°3 – 2 images : Jeu en pivot et placement, Giroud pour Lacazette
Le placement de Lacazette sur les centres pourrait être encore plus bénéfique pour Arsenal avec les appels de Giroud, ces fameuses fausses-pistes qu’il crée. Il attire les défenseurs et permet à un coéquipier d’en profiter. En plus de cela, il y aurait, si nécessaire, une présence supplémentaire dans la surface.
Arsène Wenger va devoir trancher car c’est aussi le choix d’un style de jeu. Par l’utilisation de Lacazette et Welbeck, il privilégie la vitesse et la profondeur, par l’axe surtout. Contre Liverpool, quantité d’observateurs ont été surpris que ni Lacazette ni Giroud ne soient titulaires contre un adversaire qui présente des faiblesses défensives connues.
Quoi qu’il en soit, la complémentarité entre Giroud et Özil est un élément fort pour construire la partie offensive de l’équipe. Les deux s’entendent très bien. Rajouter Lacazette pour compléter le trio pourrait être intéressant : de nouvelles options, un jeu plus fluide, plus de vitesse et de l’habileté balle au pied. De son côté, Olivier Giroud continuerait d’alimenter ses coéquipiers en tant que point de pivot.
La question va encore plus se poser quand on évoque le cas d’Alexis Sanchez. Le Chilien va-t-il être à 100% concerné par ses performances avec Arsenal ? On connait ses qualités de battant mais sa performance contre Liverpool laisse planer le doute. Après des rumeurs de blessure à la cheville, il est bel et bien de retour à l’entraînement, sourire aux lèvres. On attend avec impatience une association Alexis Sanchez et Lacazette.
Le climat actuel à Arsenal est favorable à l’émergence de toutes sortes de rumeurs sur le désordre intérieur. Un peu de stabilité serait la bienvenue, et Alexandre Lacazette peut être la clé.
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